Samedi 30 décembre

Demain étant un dimanche, j’écris aujourd’hui le dernier billet de 2023. En pensant à ce que cette année m’aura apporté.

Énormément de satisfaction d’un point de vue personnel tout d’abord. Mon expérience au collège d’Alrest m’a rassuré. Oui, il s’agissait sans doute d’une heureuse coïncidence. Mais je me suis aperçu qu’avec de petits effectifs, il était possible de faire d’une classe de quatrième des ados épanouis, autonomes, capables de bosser en autonomie sur des sujets complexes et variés. Qu’avec de la confiance et de la motivation, ils pouvaient aller loin, très loin.
Je me suis aperçu que la gentillesse est forte. Que cette classe de sixième, dont j’étais prof principal et qui m’a fait l’honneur de me faire confiance est devenu un groupe d’élèves studieux, bienveillants, sans la moindre naïveté. Quand je suis revenu les voir, il y a quelques mois, ils se sont montrés heureux, mais sans les débordements que l’on voit parfois dans ces situations. Ils sont presque tous excellents scolairement. Parce que j’ai réussi à me montrer rigoureux et doux avec eux.

Bon, assez soufflé dans ma propre trompette (cette expression anglaise mérite de passer dans la langue française) : je me suis retrouvé au lycée. Et ça n’est pas la même limonade. On me dit parfois que l’année semble difficile pour moi. Elle l’est, probablement, mais elle l’est encore plus pour les élèves. Des programmes pléthoriques et des effectifs qui ne le sont pas moins. Le lycée est, je le constate chaque jour, la période où flamboient les intelligences. Et on en profite pour les bombarder, dans un temps très bref, de connaissances ultra-spécifiques, à travers des protocoles toujours plus stressants. J’aime profondément le programme. J’aime profondément cet âge de sortie de l’adolescence. Mais pour le moment, je ne parviens pas à établir cette quadrature du cercle que j’ai réussir à établir avant l’été.

La route est encore longue. On verra les détours qu’elle prend en 2024.

Lundi 27 novembre

Le premier trimestre s’achève. C’est à peu près là que s’était arrêtée mon expérience lors de mon unique remplacement en lycée, il y a deux ans. Désormais, c’est terra incognita. Et certitude : enseigner au collège et enseigner au lycée sont deux expériences radicalement différentes. Si la charge mentale reste aussi importante, elle n’est plus du tout répartie de la même façon. C’est plus le petit point précis de préparation de cours, la phrase qui permettra d’exprimer clairement le concept que je veux faire comprendre aux élèves qui occupe mes pensées, plutôt que comprendre comment faire de ces élèves qui ne savent pas forcément pourquoi ils sont là un groupe qui fonctionne ensemble, chacun avec son individualité.
Selon que l’on commence en lycée ou en collège, je soupçonne que la vision du métier doit être bien différente.

Encore une fois, impression de mener un métier mosaïque. Peut-être s’agit-il là aussi d’une des raisons pour lesquelles on peine à se mobiliser. J’ai travaillé dans d’autres domaines, et jamais n’ai eu l’impression que les expériences sont aussi disparates que dans le boulot d’enseignant. Créer une unité entre un prof remplaçant entre deux lycées – par exemple – et une autre qui enseigne depuis des années dans un collège, c’est aussi un truc bien complexe. Nul doute que nos gouvernants ne s’y trompent pas.

Le premier trimestre s’achève, je reprends mon souffle, un peu hors d’haleine. Ce qui m’attend désormais est un grand mystère. Ça tombe bien : j’aime l’aventure.