
Il paraît que je ressemble à son frère. C’est sans doute l’un des seuls trucs qui nous rapproche, avec K. Ça et le fait que nous sommes collègues. Pour le reste, nous n’avons rien en commun. Que ce soit au niveau de la manière d’enseigner, des valeurs, de nos vies quotidiennes, dont nous percevons des bouts en salle des personnels.
K. est le genre de personne que, je pense, j’aurais évité si j’avais le choix. Trop de trucs qui nous séparent. Trop de trucs que j’estime futiles chez elle. Trop de trucs qui, chez moi, sont tellement plus élevés, tellement plus humanistes, tellement plus…
Pourtant, elle a insisté. Elle ne m’a jamais lâché. Sans s’accrocher. Mais elle est parmi les premières à m’avoir passé des cours. À m’avoir demandé comment ça se passait. Et j’ai continué l’année, à la regarder en fronçant toujours un peu le nez. C’est humiliant, un peu. Humiliant de se retrouver à se comporter comme le pire des connards, à être à rebours de ses valeurs, sans comprendre pourquoi.
Et je pense qu’elle le comprend parfaitement. Ça ne fait rien. Elle continue à être là. À venir me parler, de trucs qui ne m’intéressent absolument pas et d’autres, passionnants. Faut se rendre à l’évidence : dans notre relation, c’est moi le connard.
Ce qui reste à sauver ? L’émerveillement, devant le spectacle d’une gentillesse totalement altruiste. La gratitude que cette personne existe.

