Vendredi 10 novembre

Les secondes font la tête. Les secondes deviennent désagréables, les secondes bavardent.

Bienvenue dans la phase où « ils testent ». Comme beaucoup de classes. C’est le lycée, c’est différent. Plus compliqué, plus complexe. Aujourd’hui, nombre me fait la tête parce que le texte que nous lisons est « trop compliqué ».

Elle est fine, la ligne entre se braquer et maintenir le cap. Au fond, il n’y a aucune raison de leur en vouloir. Cela va bientôt faire un trimestre que nous sommes rentrés et les cours vont en s’accélérant. Les notions défilent et je me montre de plus en plus exigeant. Raisonnablement, j’espère. Mais il est normal de se sentir perdu, de se révolter. D’essayer de croiser les bras et de taper du pied suffisamment fort pour que le prof tente, peut-être, d’acheter la paix sociale en laissant tomber. Qu’il comprenne à quel point ses élèves sont des cas désespérés et qu’il arrête d’attendre et d’espérer.

Nous entrons dans ce qu’en Bretagne on nomme les mois noirs, et dans une zone de turbulence. Et l’expérience, l’expérience seule me fait dire que cette zone de grain est temporaire. Je ferai ce que je fais désormais depuis des années. Accepter leurs grimaces et leurs sourires exaspérés. Croire en eux et en mes cours. Parce que je passe beaucoup de temps à penser aux deux. Et les deux ont le droit, de temps en temps, d’être moches et pas tout à fait au point. Il s’agit juste de ne pas s’y arrêter, et de se dire que les choses iront mieux.

Cap sur la sortie de la tempête, là où c’est plus beau.