
Dernière semaine aux lycées, et ça se sent.
Ça se sent, parce que je perds une patience que, toute modestie bue, j’ai à foison. Pour cette dernière période, j’ai préparé des cours de qualité. Resserrés, précis, qui apportent des compétences importantes et dont ils auront besoin. Pas un poil d’inutile. Des cours clés en main, quoi.
Et lesdits cours, sur lesquels j’ai transpiré tout le weekend, sont accueillis par de petits gougnafiers, qui s’en foutent un peu. Évidemment, ils font semblant. C’est toujours pareil, à dire oui oui avant les conseils de classe, mais dès que les vacances arrivent, la seule chose dont ils sont capable c’est de…
Hey.
Du calme.
Toi aussi, tu es fatigué. Leur reconnaissance ne t’est pas due et tu le sais. Ils ont le droit d’être dissipés, d’être égoïstes et égocentriques. Ça n’est pas une attaque personnelle, et tu le sais très bien. Fais attention. Fais attention parce que dans ces moments, tu deviens méchant.
Il y a un méchant de jeu vidéo – je ne donnerai pas son nom, c’est une révélation du jeu en question – auquel je m’identifie beaucoup, dans ces moments-là. Je me demandais pourquoi. Sans doute parce qu’il se déteste. Qu’il fait le mal par ennui, par désœuvrement, pour combler l’immense sentiment de néant qui l’habite.
Mais il y a plus simple.
Ce personnage déteste les adolescents. Tout connement.
Et à chaque fin de période, à chaque fois que la fatigue, immense neutralise mes défenses mentales – je ne suis gentil que parce que je me surveille, elle est là mon hypocrisie – il ressurgit. Tu sais quoi ? Pas cette fois. Je ferai ces cours du mieux que je peux, parce que c’est ce qui est bon pour eux. J’ai quarante et un an, mes ombres me sont devenues assez familières pour que je sache les juguler.
Et ne surtout, surtout pas mépriser les ados en face de moi.
Parce que ce sont eux, les héros.