
Pendant longtemps, je me suis posé la question : toutes ces heures que je répète, année après année. Combien de cours de quatrième sur la proposition subordonnée ? De troisième sur le sujet d’argumentation ? Est-ce que je ne répète pas, année après année, le même geste, le même court, dans l’espoir d’un jour m’apercevoir qu’enfin je le maîtrise ? Qu’enfin il est parfait ?
Pendant longtemps. Jusqu’au moment où je me suis rendu compte que c’était un peu futile. Et sans doute nocif, pour moi. Bien sûr j’évolue, je progresse. Je parviens, je l’espère, à me montrer plus clair, plus précis, plus intéressant. Mais un cours sera toujours constitué de bric et de broc. De notes et du repas de midi que l’on digère. De devoirs et de la dispute qu’il y a eu lieu à la récréation précédente. De la fatigue de fin d’année et d’enthousiasme.
Enseigner n’est pas la recherche du beau geste. Ou s’il l’est, c’est celui que l’on parvient à improviser, qui prend toute sa place dans cet étrange chaos. Le chaos constitué par toutes les vies que le traversent.