Jeudi 5 octobre

J’en suis à ma troisième heure d’affilée avec des secondes (une heure en classe entière avec l’une, deux en demi-groupe avec l’autre), à faire la troisième même heure de cours. C’est ma huitième au total de la journée. Ulysse a beau avoir fait un beau voyage, il me sort un peu par les trous de nez, il faut bien avouer. Je rigole un peu trop facilement et les secondes, un poil médusés de voir leur prof aussi hilare. Mais ils suivent, et s’en sortent plutôt bien.

Le mot du jour est « fugacité » : j’ai expliqué le sens à tous les élèves que j’ai vu cet après-midi. Et ces explications, comme le cours, ont été à chaque fois accueillis différemment. À se demander à quoi ça tient. Une heure épouvantable, élèves mutiques et ne comprenant pas où j’allais, une autre fabuleuse, où nous avons avancé à pas de géants et une dernière chaotique mais se passant plutôt bien. À quoi ça tient… Cet étrange alchimie des classes, où certains élèves parviennent à aider leur prof à les guider. Mais parfois, il arrive que je rate une phrase, que je trébuche sur une explication capitale. Et là tout déraille, il va falloir sortir les rames pour les remettre dedans. À l’inverse, je rebondis parfois sur une intervention inattendue, je parviens à les détendre au bon moment (comme lorsque, au troisième hurlement provenant du terrain de sport sous les fenêtre je hurle « Non Jim, n’abandonne pas, tu reverras ta femme ! »), ce qui leur permet de refroidir leurs neurones surchauffés.

Sacrée expérience, tant d’humilité que de confiance en soi : finalement, un cours raté ou réussi c’est fluide, flottant… Et il y aura toujours la prochaine fois. Le truc est d’avoir l’énergie de ne pas abandonner.