Lundi 27 juin

Et donc, deux jours et demi restant avec les élèves. Avant que ne déboule tout le reste : correction des copies de bac, réunions de fin d’année, affectation, peut-être, avant le mois de septembre.
Et le collège, d’un coup, change de substance. Moins d’élèves en cette dernière semaine – c’est fou ce qu’une classe de 26 mômes semble déserte quand on en a eu 30 durant deux trimestres – les ultimes activités. Affichages bilan de ce que l’on a appris cette année, jeu de piste autour du cavalier sans tête, derniers travaux d’écriture…
Je me sens toujours un peu pesant, dans ces moments. Tout le monde semble prendre son envol. Les élèves vers leurs vacances, les collègues vers les fêtes et l’année prochaine, tandis que je peine à m’extraire de cette année qui s’achève. Toujours ce sentiment de rester à quai tandis que le décor, peu à peu, se vide.
Ce n’est pas de la tristesse. Juste une drôle de sensation que je n’ai retrouvée, étrangement, qu’à la fin des dessins animés de Miyazaki : une impression d’apesanteur, tandis que les personnages retrouvent leurs vies, modifiées par tant d’énigmatiques aventures.
Étrange, comme ce journal me sauve, depuis sept ans : je m’apprêtais à écrire que la fatigue de fin d’année faisait ressortir mes mauvais côtés. Et je viens de parler de Miyazaki. Le héros de Princesse Mononoke est appelé à “poser sur le monde un regard sans haine”.
Et, année après année, établissement différent après élève singulier, c’est ce que je retire de ce boulot. Poser sur le monde, sur les enfants, les adultes, l’avenir, un regard sans haine.
Et pour tout ce que ça me prend, voilà ce qu’être prof en scène me donne.
(Image tirée du film Princesse Mononoke)