Mercredi 1er septembre

Après quinze années passées au service de l’Éducation Nationale, on pourrait croire que plus rien ne pourrait m’étonner lors d’une rentrée des enseignants, aussi nommée pré-rentrée dans les médias.
Grave erreur.
Après un périple d’une quarantaine de minutes me voici arrivée au collège d’Alrest, qui se situe au beau milieu de… ben rien du tout. L’un des villages les plus neutres de mes pérégrinations de prof remplaçant. Une petite rue bitumée depuis peu longe un établissement scolaire semblable à tant d’autres, avec ses fenêtres carrées et ses blocs de mosaïque grise. Je descends de la voiture, et jette un regard circonspect sur le bâtiment. Le même que portent pas mal de gens arrivés en même temps que moi. J’apprendrai un peu plus tard que nous sommes nombreux à débarquer ici pour la première fois : la moitié du cheptel enseignant.
Nous traversons un long couloir avant de débouler dans une petite cours.
“Vous pouvez refaire l’entrée ?” me demande un type, une grosse caméra et un micro en moumoute à l’épaule.
Il se trouve que la télévision régionale suit l’entrée en fonction d’un nouveau collègue dans le bahut. Et il nous est demandé de rejouer notre première rencontre. Un peu vexé que ce ne soit pas la télé nationale, et surtout qu’on ne s’intéresse pas à moi, je refuse.
Le journaliste grogne un peu, mais prends plein d’images chouettes de profs buvant le café, de profs se disant bonjour, de profs faisant connaissance, avec bonheur et aussi un peu de circonspection.
Alrest, petit bahut de 230 élèves, dans lequel il y a beaucoup – beaucoup – de projets et des salles de classes gigantesques. Elle font deux fois celles d’Hoshido pour presque moitié moins d’élèves. Je découvre “la mienne”. Un rectangle bien rangé, presque entièrement vide. À remplir de rencontres avec les élèves, les collègues, d’échecs et de succès.
Pour le reste, c’est comme à chaque fois, de ce côté là au moins, je ne suis pas pris de cours. Les réunions où l’on parle un peu trop longtemps de sujets essentiels, toujours les mêmes, quel que soit l’établissement, et que l’on croit pourtant uniques. Des élèves invoqués dans des paroles d’adultes, que l’on finit par crever de rencontrer, histoire de savoir s’ils sont vraiment comme ci, vraiment comme ça…
Une pré-rentrée.
Et tout qui reste à faire.