Mercredi 7 septembre

Si un jour je quitte l’Éducation Nationale, ce sera pour ça : cette incapacité qu’a, certains soirs, ma cervelle à décrocher. On dira que je suis privilégié et que je me plains, que je suis petite nature, mais il n’y a rien à faire. Je me réveille sans avoir cessé de penser, me semble-t-il, à la veste qu’Isabella a oubliée sur le dossier de sa chaise et que je ne dois pas oublier de lui rendre. Aux signatures des parents dans les carnets de correspondance que je dois absolument vérifier avant le 9. Aux terminaisons du présent que Fabio ne parvient pas à retenir, et je n’ai toujours pas préparer de fiche personnalisée pour lui.
Il y a des scories du collège d’Alrest partout sur la table du salon. Les mômes escaladent le canapé, mon bureau, et font dérailler les lignes de mon bouquin.
Je me pavane souvent en expliquant aux jeunes collègues qu’il faut être capable de baisser le rideau entre sa vie professionnelle et sa vie privée. Qu’avec le temps on apprend.
À quoi ça tient.
Parfois en effet, j’y parviens sans aucun problème, et l’inclusion d’une nouvelle carte dans mon deck blanc bleu vert de Magic l’Assemblée devient ma préoccupation principale.
Mais parfois, je ne rentre pas vraiment chez moi. Le collège s’attache à mes semelles, je le porte partout dans la maison. Les lapines n’aiment pas trop voir ces fragments au beau milieu de leur foin.
Comme tous les ans, il y aura des jours comme ça.
À gérer.