Lundi 12 septembre

Évaluations de début d’année en sixième. Pendant cinquante minutes, les mômes transpirent devant un écran. Pour la troisième année consécutive, j’en vois certains torturés par le conte “Les fées” de Perrault (qui va devenir le texte le plus détesté de France, détrônant “Demain dès l’aube” et “Le dormeur du val”).

Et je n’ai pas le droit de les aider.

Même pas Lucille, arrivée l’année dernière en France, qui sait à peine lire. Et elle demande pourtant. Plusieurs fois.

“Je suis désolé, je vous l’ai dit au début : je n’ai pas le droit de vous aider.
– C’est interdit d’aider, au collège ?”

Ça m’attriste, qu’elle éprouve ça. Même si c’est temporaire, même si c’est juste qu’elle n’a pas compris mon explication. On pourra me taxer de sensiblerie. Probablement. Mais ce genre d’épisode va contre l’éthique que je me suis forgée au fil des années, au contact des collègues les plus impressionnants du monde : J., F., J-M, et Monsieur Vivi. Qui ont tous en commun de vouloir faire de leurs élèves des êtres à la fois réfléchis et doux. Je ne peux pas l’expliquer autrement : être capable de considérer le monde avec intelligence, sans jamais céder aux généralités ou au jugement.

J’aimerais pouvoir transmettre aux élèves que je rencontre cette possibilité d’être gentils et forts. Parce qu’alors, oui c’est naïf, oui c’est débile, mais je suis persuadé que le monde serait sauvé. Seulement il faudrait infiniment plus de temps, il faudrait ne pas être pressés, il faudrait sans doute, ne pas repenser que l’école.

Mais voilà. Un idéal.

Laisser un commentaire