Dimanche 18 septembre

Et le dimanche, on s’évade !
Nona porte un T-shirt à l’effigie d’une chaîne de restaurants. Nona vit avec deux femmes qui n’occupent pas leur corps d’origine. Nona aime promener Nounouille, le chien à six pattes, et manger des crayons. Nona est surveillée par une cellule armée cherchant à vaincre l’Empereur Nécromancien. Nona rêve d’apocalypse.
Troisième volume surprise de ce qui devait être au départ la Trilogie de la Tombe Fermée et qui s’est métamorphosée, de fait, en Tétralogie, Nona la Neuvième n’est pas la seule anomalie dans cette série de science-fiction perchée et baroque.
Là où ses deux prédécesseurs, Gideon la Neuvième et Harrow la Neuvième, balançaient le lecteur dans un univers inconnu, au sein d’une histoire plutôt classique, Nona renverse la formule : le monde dans lequel évolue la protagoniste est bien plus familier, mais l’histoire reste, pendant la plus grand part du roman, cachée à nos regards, même si elle suit directement le deuxième volume. On assiste à la vie quotidienne d’une enfant de cinq ans piégée dans le corps d’une jeune fille de dix-neuf et de ses deux gardiennes, dont le nom sera tu afin de ne pas divulgâcher pour ceux qui ont commencé le cycle. Son environnement, une ville en ruines dans laquelle chacun vivote à sa manière, est loin des palais terrifiants et des vaisseaux improbables auxquels l’autrice, Tamsyn Muir, nous avait habitués.
Et c’est là qu’on pourra décrocher. Se demander par quelle arnaque on suspend les péripéties haletantes dont on voulait la clé – les questions non résolues étant légion – pour nous raconter, par le menu, cinq jours d’une vie certes mouvementée, mais bien différente de celle des deux héroïnes que nous connaissons.
Nona la Neuvième aurait dû être la première partie du dernier livre, et non un roman à lui seul. Et cela se sent parfois : nombre d’éléments sont mis en place sans que leur importance soit forcément dévoilée dans les dernières pages. Malgré tout, il y a un charme fou, à se poser, après deux volumes bourrés d’intrigues, de révélations et d’explosions (au sens propre comme métaphorique), pour observer des personnages, connus et nouveaux, dans un environnement quotidien. Moins pressée par la narration, l’autrice s’amuse plus que jamais, sans jamais nous laisser au bord de la route.
Nona la Neuvième est une autre facette du cycle de La Tombe Fermée. Un autre regard sur un univers que l’on croyait familier. Avec un tempo plus lent, Muir nous montre que, même s’ils s’en prennent plein la tronche, bon sang ce qu’elle les aime, ses êtres de papiers. Et cet amour est contagieux.