Mercredi 21 septembre

À l’innombrable liste de ce que m’a appris Monsieur Vivi, j’aimerais ajouter celle-ci : on peut faire reposer son autorité sur l’estime que l’on porte à sa matière. J’ai rarement vu quelqu’un respecter autant son domaine d’enseignement que mon ami et collègue d’Éducation Musicale.
Il ne s’est jamais agi pour lui de faire croire aux élèves qu’il allait leur révéler le sens de la vie ou leur assurer un avenir sans nuages s’ils se montraient des modèles d’attention en cours : mais je ne l’ai presque jamais vu présenter un cours dont il n’ait pas pris soin. Un cours qu’on donne l’air absent, de façon un peu distraite, en espérant, comme les mômes, que le temps passe vite, que l’on puisse bientôt enchaîner sur la classe qu’on apprécie ou sur la pause café.
Et pour ça, j’ai vu et entendu ses élèves, il y a toujours eu du sens dans sa salle. Même lorsque c’était difficile, même lorsque les classes déconnaient.
Je pense que, tout simplement, Monsieur Vivi aime sa matière. Même quand ça n’est pas facile.
C’est ce à quoi je m’applique, depuis quelques années. Chacun des cours que je donne mérite sa chance. Ne pas se contenter de faire semblant “Going through the moves”, comme disent les anglais. Toujours, tout simplement, faire de son mieux, être pleinement et totalement à ce qu’on est en train de transmettre. C’est utopiste. Parce que, comme absolument tout autre travailleur, on est humain. Qu’il y aura des heures et des jours où l’on voudra en finir, qu’il y aura des cours que l’on n’aime pas.
De mon côté, je vais tenter, cette année comme toutes les autres, même si ça semble prétentieux ou moralisateur, de prendre soin de ce que j’ai à enseigner. Pour eux mais, aussi, surtout ? pour moi.