Dimanche 25 septembre

Et le dimanche, on s’évade !

Monkey Island a été l’un de mes premiers jeux vidéo important. Parce qu’il était non seulement très très drôle de suivre Guybrush Threepwood dans ses aventures pour devenir pirate à travers une version très très pétée du casque des Caraïbes, mais aussi parce qu’il y avait quelque chose de bizarrement attachant dans cette galerie de personnages loufoques. D’Elaine Marley, la gouverneure pragmatique à Stan, le vendeur de bateaux d’occasion, en passant par la reine du sabre Carla, et, bien entendu, le terrible pirate fantôme-zombie-démon LeChuck. La simplicité du jeu, son écriture et sa fluidité scénaristique : un cocktail parfait.

Et souvent repris : il y a eu de nombreuses suites, souvent d’autres studio, que j’ai toutes trouvées attachantes (ou merveilleuse, comme Tales of Monkey Island)

Return to Monkey Island, le nouveau volet, avait tout pour plaire mais aussi pour se casser la figure : retour aux manettes de Ron Gilbert, créateur de la licence, nouveau style graphique, petit studio…

Et sans rien dévoiler de l’intrigue, c’est à mon sens une réussite. Dès les premières secondes du jeu, une pirouette scénaristique de haute volée permet de régler avec élégance l’une des questions les plus brûlantes de la série, et l’on se lance dans une aventure, placée sous le signe de la nostalgie : retour dans des lieux connus, personnages récurrents présents à l’appel.
Pourtant, et c’est là son coup de génie, Monkey Island parvient à éviter l’écueil (gag) d’un regard sur le passé trop complaisant. La piraterie loufdingue a évolué au cours des années, et Guybrush ne se lamente pas. C’est un peu comme si Monkey Island était devenu, plus qu’une licence de jeux vidéos, une sorte de motif vidéoludique, sur lequel différents créateurs vont s’exprimer. L’ile aux singes est un grand terrain de jeux, où le joueur et les développeurs se lancent des défis : à quoi servira cette serpillère, ou ce poulet fantôme ?
L’absurde est toujours là, mais c’est un absurde tendre et intemporel : peu de blagues faciles (une légère référence à Oprah et c’est à peu près tout), des énigmes à la difficulté hyper ajustable (le jeu contient en lui-même sa propre solution, si jamais on est bloqué), et des doubleurs absolument parfaits, qui envoient leurs dialogues délirants avec une conviction absolue.

Et jamais le jeu ne bascule dans la complaisance. Les liens entre Guybrush et sa compagne sont explorés dans toute la complexité que peut poser le fait de partager sa vie, depuis des années, avec un sombre irresponsable, et même la rivalité entre LeChuck et le héros se montre changée, forgée par mille course-poursuites à travers les océans.

Return to Monkey Island, c’est un point’n click tout à la fois à l’ancienne mais ayant tiré les enseignements des derniers monuments du genre. Et qui nous dit, très humblement, qu’il était là au début, et veut bien, si on est d’accord, rester encore un peu dans nos souvenirs de joueur.

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