Mercredi 28 septembre

Je discute avec Z. En vrai il s’appelle, et on l’appelle J., mais il reste Z., pour moi. Il fait partie de ces quelques personnes sur terre dont je suis raide dingue du fait de leur profonde gentillesse.
Accessoirement, il exerce un métier auquel je ne comprends pas grand-chose. Ce qui est mieux qu’aux débuts de notre amitié, où je n’y pigeais que dalle. Mais, tandis que nous explorions les ruines mystérieuses et les vastes forêts d’Azeroth, en jouant à World of Warcraft, il m’a patiemment détaillé ses journées. Je peste :
“Tu vois, c’est aussi le souci quand on est enseignant. On ne peut pas orienter nos élèves vers des métiers qu’on ne connaît pas. Faudrait qu’on se renseigne et on n’a pas le temps.”
Z. se tait un moment. Pour rassembler ses pensées ou défourailler un monstre quelconque.
“En fait, c’est plus des choses que j’ai vécues après l’école, pendant mes études et après.”
Et, alors que j’arpente l’université fantôme de Nar’thalas, il m’explique la façon dont il a découvert ce qui allait devenir sa profession. À quoi l’école lui a servi. Et pas servi. Un autre parcours individuel. Avec ses échecs et ses succès. Étrangement, j’en tire un grand réconfort. Parce que Z. me parle pas de l’école comme d’un produit qui devait répondre à certaines attentes. Elle a contribué à le former, il en a pris certains éléments et d’autres sont restés sur le bord du chemin. Il ne lui met pas, rétrospectivement, le poids de ses échecs et la gloire de ses réussites dessus. C’était une étape de sa vie.
J’émets sans doute des évidences. Mais en cette rentrée où j’ai la sensation qu’on attend plus que jamais de nous, travaillant dans l’Éducation Nationale, que nous sommes responsable de plus en plus de choses, cette simple conversation, dans le monde d’Azeroth, me fait du bien.