Jeudi 6 octobre

Discussion avec J. en salle des profs. Prof des écoles, J. s’occupe cette année des élèves ULIS.

“C’est crevant, d’être prof de collège, quand même.
– Plus qu’en primaire ?
– Différemment. En primaire, tu as ta classe tout le temps. Quand on est fatigué, on a des vagues de fatigue tous ensemble. En collège, il faut être là pendant cinquante-cinq minutes.”

Il ne s’agit bien entendu pas de relancer un énième – et stérile – débat sur kika la plus grosse (fatigue). Mais je crois que le mystère du boulot de prof de collège tient à ces deux petits mots. Être là. La réussite de ces cinquante-cinq minutes tient bien souvent à notre capacité à être présent à nos élèves. D’une façon ou d’une autre. En incarnant ce nouveau sujet qu’ils vont aborder, en allant de groupe en groupe leur apporter l’aide qu’il faut pour l’interprétation de cette scène de Cyrano, en prenant trois minutes de plus avec cette élève pour qu’elle sente que oui, tu vois ses efforts. Impossible, ou presque, de fonctionner selon le plan prévu en entrant. D’enseigner dans la réserve. Quelle que soit sa personnalité, on fera toujours cours dans l’énergie, dans l’immédiat.

L’énergie. Depuis quelque temps, c’est devenu le mot le plus trivial du monde.

Je l’écris tout bas, comme dirait cette chère Marguerite Desbordes-Valmore, mais l’énergie, quand tu es prof, c’est presque, genre, sacré.

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