Jeudi 13 octobre

Sur un réseau social, une personne assez en colère m’explique qu’il faudrait que je me contente d’instruire les élèves. Plus les années passent, plus j’en viens à penser que cette histoire d’instruction publique est, comme le monstre du Loch Ness ou l’équitable répartition des moyens de production, un mythe totalement incongru. Il faut tellement de personnes, de savoirs, d’événements inattendus pour former une personne : croire que nous ne pouvons nous délimiter uniquement aux missions qui nous sont attribuées relève du fantasme.

C’est une sale situation pour notre statut de prof, qui se retrouve en proie à de plus en plus de mission, que nous confient une hiérarchie plus ou moins bien intentionnée. Est-ce une bonne ou une mauvais nouvelle pour les mômes ?

Apprendre à certains à se brosser les dents, raconter à d’autres la fable du berger qui criait au loup. Enseigner, parce que les circonstances climatique le demandent, la SVT… Est-ce bien ma place ? Suis-je dans ma posture ou pas du tout ? Qu’est-ce qui, finalement, sera bénéfique ou néfaste ?

Et cette dernière histoire ? Alors que j’accompagne une nouvelle randonnée, les enfants fatiguent.

“Si vous arrêtez de me demander quand on arrive, je vous raconte une histoire.
– Une histoire avec du paranormal ?
– Oui (j’ignore ce que je vais raconter.)
– Et des combats ?
– Oui. (j’ignore toujours). Je vais vous raconter… L’histoire du chien Nounouille.
– C’est pour les bébés ?
– Pas du tout. Nounouille est un chien à six pattes, qui va sauver sa maîtresse Nona, des griffes du prince Naberius, qui fume trop et veut la capturer. Et Nounouille est aidé par la princesse en treillis Coronoa.”

Et pendant une heure, je leur raconte Nona the Ninth, roman gothique de SF pour adulte non traduit, version pour enfants bretons français.

Suis-je encore prof ? Et sinon, où suis-je ? Qui suis-je ?“

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