Mardi 18 octobre

Comme tous les ans, il y a les élèves que tu n’aimes pas.

Ça n’est pas dès le début de l’année. Souvent avant les vacances de la Toussaint. Vous vous connaissez depuis un moment, et tu le sais maintenant : ces comportements qui t’agacent ne sont pas des accidents, mais des habitudes.

Ce ne sera pas des trucs trop graves hein. Des façons de s’exprimer. Des tendances à te demander en permanence de répéter ce que tu viens de dire. Du matériel oublié sans arrêt.

Mais ça t’agace. Tu regardes cette élève, ce môme, et tu n’as qu’une envie : détourner la tête, oublier qu’il existe. Et tu sais que, si tu lui parles, tu risques d’être plus cassant, moins patient qu’avec les autres. Tu as un peu honte, évidemment. Il y a mille raisons pour lesquelles ce gosse peut agir comme il agit. Tu es l’adulte, tu dois te montrer non seulement responsable, mais aussi compréhensif. Tu n’as pas à avoir ces mauvaises pensées. Ces mauvaises pensées. On dirait un roman moral pour enfant des années cinquante.

Il n’y a pas à y couper : tu vas passer l’année avec ces gamins, qui t’agacent. Tu devras te demander à quoi ils te renvoient pour t’énerver à ce point. Tu lutteras, non seulement pour eux, mais aussi pour toi. Tu apprendras, peut-être. Et comme tous les ans, tu espères avoir la conscience professionnelle, l’esprit et le cœur assez grand pour leur trouver une place aussi, à ceux que tu n’aimes pas.

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