Jeudi 3 novembre

Plus de deux ans après, les effets des confinements dus au Covid se font encore sentir : chez les profs comme dans de nombreuses catégories de métier.
La continuité pédagogique. C’est devenue une sorte d’antienne, de manta. Il faut “assurer la continuité pédagogique”. Le problème, c’est que ce terme, forgé comme tant d’autres, dans l’urgence de la pandémie, n’a jamais été clairement défini. Et dès lors, il était évident qu’il serait ce que chaque utilisateur veut bien en faire.
La continuité pédagogique, je l’ai vue à l’œuvre de façon hyper chouette : avec des collègues volontaires se demandant comment faire en sorte que des élèves ne se retrouvent pas paumés en revenant d’absences longues. Ou quand ils changent de bahut. Mais j’ai aussi vu cet artefact du langage employé pour des aberrations : demander à des profs malades d’assurer des cours à distance, ou “rattraper” des heures passées en formation.
Mais surtout, je pense que la continuité pédagogique, c’est le nom de la ligne de faille qui s’est créée en 2020 : parfois les profs sont entrés dans les maisons. Ont laissé leurs portables et leurs mails persos. D’autres se sont mis en retrait. Des frontières jusque là stables ont bougé : jusqu’où doit-on aller pour l’apprentissage des élèves ? Et, une fois encore, faute de réflexion globale, chaque établissement, chaque équipe, s’est emparée de cette immense question.
Même si je trouve le terme laid, la “continuité pédagogique” explique quelque chose d’important. Un nouveau problème essentiel à mettre sur la pile infinie de l’Éducation Nationale.