Mercredi 23 novembre

Arrive toujours ce moment, tôt dans l’année, où je corrige ma première dictée.
L’insoluble problème de la dictée.
Depuis que je suis enseignant, et comme je le lis souvent, nombre de collègue, je m’y casse les dents. Je n’ai jamais tenté autant d’approches qu’avec cet exercice. La dictée classique, la dictée négociée, l’auto-dictée, la dictée ciblée, ritualisée, et tellement d’autres participes passés.
Avec l’impression de me soulager dans un violon ou tout autre instrument, à corde ou à vent. Les “bons” se réjouissent de leurs résultats, les “mauvais” tremblent et progressent peu. Le jansénisme, c’est la dictée.
Pourquoi continuer à en faire, alors ? Parce que c’est une épreuve du brevet, pour commencer par le plus simple. Et que je n’ai pas envie qu’ils se cassent la gueule dessus. Mais aussi parce qu’on touche, dans la dictée, à quelque chose d’essentiel. Une réflexion sur la langue. Comment ça communique, comment ça se branche, toutes ces lettres, tous ces groupes de mot. La dictée, c’est de l’électricité. On monte en direct un réseau, et les branchements doivent être faits dans le bon sens. Seulement, nombre de mômes se retrouvent paralysés, avançant mot après mot, ne parvenant pas souvent à comprendre l’ensemble du système.
Pour tout un tas de raisons. Ce peut être, d’abord des dyslexies diverses. Et là, on va s’adapter. Ce peut être la trouille, qui paralyse les neurones. Ou tout simplement, et souvent, la résignation. Il y a les élus, ceux pour qui l’écrit ne sera pas un souci, et eux.
Alors je continue à tenter. J’essaye également de faire accéder à l’orthographe et à la grammaire par tout un tas d’autres moyens, plus périphériques, plus ludiques. Ça marche hyper moyen.
Parfois, l’orthographe se débloque, souvent durant le lycée. Comme si tout ce qui avait été acquis mûrissait d’un coup. Parfois.
Mais en attendant, en attendant, je me sens tellement impuissant à les aider.