Jeudi 1er décembre

C’est débile, c’est contre-intuitif, c’est inutile, mais je n’arrive pas à le dépasser.

Quand je suis fatigué, je crie.

Je veux qu’ils se taisent, qu’ils travaillent en silence, je veux faire preuve « d’au-to-ri-té », je veux que ça file à la baguette. Je veux tout un tas de clichés que je combats au quotidien. Après c’est vrai que dans cette salle, la salle informatique, ça résonne beaucoup. Le combo fatal plafond haut / carrelage.

Les sixièmes me regardent, interdits. Ils bossent, en plus. Alors oui, ils n’en sont pas tous au même point, donc c’est un peu chaotique. Certains ont fini d’écrire leur mythe de la création, d’autres commencent à peine. Il y a celles qui se dictent mutuellement leurs textes pour aller plus vite et ceux qui lisent les histoires des uns et des autres.

Il y aurait plein de petites astuces pour réguler ces irrégularités, pour en faire une séance sympa, mais je suis fatigué, je veux que cette activité cesse de traîner en longueur, alors je suis hargneux dès qu’ils dérogent un peu aux règles fixées. Et ça m’énerve. Particulièrement parce que ça va à l’antithèse de mon éthique de prof, et parce que je sais que, du fait des codes que je mets en place, ce genre de comportement, je le sais, nuit à la confiance qu’ils me portent.

Je déteste ce genre de séance. Et j’espère pouvoir rattraper ça, vite. Parfois ils font de la merde. Parfois c’est moi. Alors je vais faire comme quand ce sont eux les responsables. On se prend trois minutes pour débriefer, et on passe à la suite. « Vous ferez mieux », je conclus toujours comme ça.

Je ferai mieux aussi.

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