Samedi 3 décembre

Dans la classe dont je suis professeur principal, deux élèves se déplacent en fauteuil. Et depuis le début de l’année, ça n’a jamais été un sujet. À la récréation, filer un coup de main pour ranger les affaires, ou attendre l’ascenseur se fait sans la moindre intervention des adultes. On en a parlé, très rapidement, en début d’année, et ça a suffit.

C’est pour ça que, en ce conseil de classe, j’hésite. Est-ce que ce que je m’apprête à dire ne risque pas de pointer quelque chose qui devrait aller de soi ?

Mais je me rappelle que je suis prof. Que considérer des savoirs ou des comportements comme des évidences, ça peut être dangereux. Alors je me lance.

“Je voudrais, pour conclure, souligner à quel point, dans cette classe, tout le monde prend soin les uns des autres. Il n’est jamais nécessaire de leur dire de s’aider.”

Je souris aux délégués. Régulièrement, je le leur rappelle : “Soyez gentils.”

Parfois je me dis que c’est gnan gnan. Inutile. Que je tente de retarder la mise en place de comportements qui arriveront parce que, de toutes façons, la société est faite de cela. Mais penser ça, c’est déjà renoncer.

Alors non. Ça n’est pas inutile.

Laisser un commentaire