Jeudi 8 décembre

Je le répéterai probablement encore un million de fois : il existe un animé s’appelant Utena la fillette révolutionnaire, qui métaphorise presque à la perfection ce qu’il se passe dans une adolescence. Un long-métrage en a été tiré : Utena, l’Apocalypse de l’adolescence.

Apocalypse, autrement dit révélation. Peut-être est-ce le cristal du gel, peut-être est-ce la chut des températures, mais les élèves se révèlent, dans ce cataclysme adolescent.

La bande des bonnes élèves de sixième. Elles sont polies, agréables, ont des résultats corrects. Et sont fascinées par les potins. Les ragots. Tout ce qui revêt un soupçon de mal-être dans la cours de récré les attire. “Monsieur, il faut qu’on vous parle”, à chaque fin de cours ou presque. Pour balancer de petites piques sur tel ou tel camarade.

Le groupe des mecs sympas de cinquième. Souriants, penauds “Monsieur, je suis désolé, j’ai encore oublié mon cahier.” L’air sincèrement désolé, profondément concentré, quand on leur parle. Qui se foutent ouvertement de leurs profs une fois dans les couloirs.

Mais l’Apocalypse ne va pas que vers l’obscurité. Il y a aussi les mômes qui s’éveillent. Valère avec ses troubles multiples, qui se montre chaque jour plus drôle, pertinent et posé. “Monsieur, je pourrai faire deux exposés, ou trois au lieu d’un ?” Je lui propose de peaufiner le premier. Il accepte. Plus de révolte, comme au début de l’année.

Ou Lina qui, depuis qu’elle a compris que sa réserve, son “manque de participation” ne lui seraient pas reprochés, se montre plus enjouée. Plus encline, justement, à lever la main. “Lina tu souris !” lui lancent ses copains.

L’Apocalypse, la gel de décembre en prisme de tout ce que les mômes peuvent devenir. Enfants comme adultes, il faut s’accrocher.

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