Vendredi 23 décembre

J’ai une propension à employer des phrases toutes faites.

Parce que c’est pratique. Quand en cours, il faut gérer rapidement une situation, qu’il ne faut pas ralentir le rythme, on la balance rapidement : “Olivia, votre chaise a quatre pieds.” “Nathan, revenez sur Terre.” Ce genre de trucs.

Depuis quelques mois, je viens à m’en méfier. D’abord parce que j’ai tendance à les utiliser et considérer qu’elles vont régler la situation. Je ne vais alors pas prendre le temps de me demander. Pourquoi Nathan baille aux corneilles ou s’il y avait une raison pour qu’Olivia se balance.

Et aussi parce qu’en temps que prof de français, je ne veux pas affaiblir les mots. Je demande à mes élèves de peser leurs phrases. Leur explique que les mots sont tous forts. J’essaye de leur faire entendre la musique propre à chacun, même, et surtout, ceux que l’on emploie au quotidien. Parce que, j’en suis convaincu, peut-être à tort, être en maîtrise de ses mots, c’est être en maîtrise de sa pensée. Et ces phrases prêtes à servir de pensent pas, elles visent un résultat immédiat.

Être prudent. Et essayer de faire résonner chaque mot au plus juste, pour les mômes.

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