Mercredi 4 janvier

Pour lancer les quatrièmes dans la rédaction d’une nouvelle fantastique, je leur demande de prendre une “photo inquiétante”. Pour l’instant j’en ai reçu 5.
Beaucoup de béton, abandonné au milieu de verdure. Une seule personne – l’élève portant un masque, et caché derrière une porte – et souvent du noir et blanc.
C’est là où je repense à ce que m’avait dit B., l’année dernière : “on enseigne une matière étrange, quand même.” Le français, cette matière hybride, dans laquelle on demande aux élèves de toucher à tout. Sommes-nous trop vagues ou trop précis ? Les faire plonger dans l’esthétique et la photographie pour les amener vers le vocabulaire, l’écriture, le genre littéraire… Pas étonnant que certains élèves se retrouvent en rejet tandis que d’autres accrochent à cette énigme.
Et moi ? Pourquoi ai-je choisi de prendre le chemin de cette matière ? De cette pédagogie ? Probablement parce qu’elle est énigme. Que je trouve ça beau, de se consacrer à cette matière qui forge les mots, les idées et les histoires, sur laquelle on fait un pari : derrière, il y a peut-être le sens, définitif et absolu des choses, ou rien du tout.
Mais dans tous les cas, que la route aura été belle.