Jeudi 5 janvier

En ce moment, je sors fréquemment une phrase tarte qui m’agace : “Si le collège d’Alrest était vingt kilomètres plus près de chez moi, je demanderais probablement ma mutation.”

Bien entendu. Mais si le collège d’Alrest était vingt kilomètres plus près de chez moi, il coûterait cent fois plus cher à la loterie des points des mutations. Et il ne serait pas aussi petit, aussi caché. Et les classes seraient bien plus nombreuses.

Et si Grigny avait été un poil plus près de Paris, ça n’aurait rien eu à voir. Et si…

Peut-être que c’est dû à mon visionnage enthousiaste de Russian Doll saison 2 actuellement, mais ce regret finit par s’étioler peu à peu. Je n’arrêterai jamais de me battre pour de meilleures conditions de boulot, mais j’en viens à voir ce combat d’un poste peinard pas loin de chez moi comme une perte d’énergie, en ce qui concerne ma propre expérience personnelle. Peut-être que c’est ça ma “carrière” pour le moment : me traîner, de bus en bagnoles dans d’improbables bahuts. Y rencontrer des collègues merveilleux que je chérirai, des classes pour lesquelles j’aurai le coup de foudre.

Et m’en aller. Le sourire un peu blasé et fatigué, la voix un peu cassée, comme Natasha, la Russian Doll de la série.

Ce n’est pas de la résignation. Juste la décision de traverser cette existence en ignorant, pour un temps, les coups que me porte l’administration de mon boulot et de me concentrer sur ce qui m’intéresse : les mômes. Un concours possible. Moi-même .

Et regretter le moins possible.

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