Lundi 6 février

Être prof, c’est aussi être dans un match d’impro permanent. L’un des trucs qui a sauvé ma désastreuse gestion de classe, c’est ma capacité à me placer dans le “oui et” face à des élèves pas toujours bien lunés.

Oui, ça peut paraître bizarre d’avoir à apprendre ça, et je vais te montrer pourquoi c’est VRAIMENT bizarre.

Oui vous êtes hyper pénibles en ce moment et à ce sujet, j’ai un texte qui en parle pas mal. Vous n’y croyez pas ? OK, on y va.

Oui, vous ne comprenez pas le cours, c’est normal, on va voir comment l’expliquer de façon à ne pas se sentir totalement perdus.

Toujours se servir de leur élan pour étayer son cours. Ne laisser aucune place à cette envie de conflit qu’ils laissent parfois poindre.

Surtout en cette période de février. La sale période où ils sont fatigués, où l’adolescence les taraude. Et où les adultes aussi, sont soûlés. Parce que c’est usant, de toujours trouver le bon biais. Trouver sur quel pied danser.

Parce que, et je déteste penser ça, la gentillesse, la vraie, la gentillesse à la fois forte et chaleureuse, ça bouffe une énergie folle.

Parfois j’aimerais juste pousser un bon cri et que les mômes ne mouftent pas, parfois j’aimerais ne pas avoir à me poser de questions et qu’ils acceptent ce que je leur dis sans poser de questions, parfois j’aimerais juste que ça tourne à la baguette.

Mais je ne suis pas comme ça. Ce genre d’attitude, chez moi, ça a des conséquences désastreuses. Je ne fonctionne pas comme ça. Et plutôt que de me plaindre, je devrais être heureux. Heureux d’avoir trouvé une façon d’enseigner qui me convienne et, visiblement, me permette de faire avancer la plupart de élèves de mes classes. Seulement, il faut toujours être vigilant. Réagir à leurs mouvements, à leur façon d’être, s’adapter sans jamais se compromettre.

Je danse, j’en suis fort aise.

Enfin la plupart du temps.

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