Samedi 18 février

Ce que m’a permis le fait de disposer de “ma” salle de classe, cette année, c’est de créer un espace.
Non, je simplifie abusivement. Ça m’a permis de concrétiser cet espace.
Quand je donne cours, je tente toujours de mettre en place un ailleurs. Et ce n’est pas forcément parce que nous étudions Le chevalier au lion ou Ténèbre sur Innsmouth. J’aime que les élèves soient exposés à quelque chose qui ne leur soit pas familier. Combien de fois leur ai-je expliqué, quand ils me demandaient pourquoi on ne travaillait pas sur des textes qu’ils lisent par eux-mêmes : “Parce que je veux vous faire découvrir des choses inconnues.”
La table avec les suggestions de lecture que je change chaque semaine. Les fameux playmobils mythologie grecque (j’ai toute la collection !). Les citations de poétesses énigmatiques. Le bingo littéraire. Tout ça, c’est pour matérialiser un ailleurs.
Je ne leur demande plus de “laisser leurs soucis” à l’entrée du cours. C’est souvent trop compliqué à faire, que l’on soit enfant ou adulte. Je tente – souvent en vain – de faire en sorte que l’espace de la classe les leur fasse abandonner de toutes façons. Qu’ils soient, en ce lieu, libres d’exercer leur pensée.
Et oui. Ça passe par des choses aussi bête que des affiches au mur, la petite musique quand on travaille individuellement, et le manga qu’on peut choisir quand on a fini.