Mardi 21 février

Je recommence mes cours tous les ans. Ou presque.

La version acceptable professionnellement : je m’adapte aux classes auxquelles j’enseigne. À leurs besoins, à leurs points forts et leur faiblesse. Il y a de ça, bien entendu.

La version personnelle : je m’ennuie, sinon. Et oui, je ne le dirais jamais ainsi, mais j’ai besoin que les élèves m’intéressent. Pas qu’ils réinventent la littérature, ou qu’ils me fassent un remake du Cercle des Poètes disparu à chaque cours, bien entendu. Mais j’ai besoin de les voir réagir. Que ce soit pour s’horrifier devant une règle de grammaire particulièrement tordue “Mais monsieur, c’est impossiiiiiible !” ou s’extasier devant un texte “Et ensuite il va se passer quoi ?”

Leur indifférence est ma kryptonite ; elle me rend impatient et désagréable. Il y a souvent ce débat qui ressort sur les réseaux sociaux : les profs doivent-ils être intéressants pour leurs élèves.

Je n’en sais rien. Je sais qu’il faut réussir à créer un effort commun : leur donner le carburant nécessaire pour se lancer. Et eux, faire preuve d’endurance et de persévérance pour aller plus loin. Intégrer en eux, vraiment en eux, le récit de La Belle et la Bête, proposer leurs lumières sur les ténèbres de Lovecraft, ouvrir le loquet des propositions subordonnées. Je ne supporte pas de les voir assister.

C’est mon secret. Mais c’est aussi une sacrée motivation.

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