Mardi 14 mars

Les quatrièmes, je pense, m’aiment énormément. C’est pour cette raison qu’ils n’éclatent pas de rire devant cette mise en scène de Phèdre ni celle d’Andromaque. Les visages, pourtant, sont crispés. Je rallume la lumière.

“Ça va ?
– …
– Vous avez le droit de ne pas aimer et de le dire, vous savez.
– …
– Vous savez, j’ai toujours été très mal à l’aise devant les profs qui s’enthousiasmaient sur des textes ou des pièces de théâtres auxquelles je ne comprenais rien.
– Pour de vrai ?
– Bien sûr pour de vrai !
– Ah bon alors, je trouve ça RIDICULE monsieur. Et NUL.”

Je ne me fâche plus depuis longtemps. Andromaque et Phèdre en ont vu d’autres.

“Pourquoi ?”

Ils commencent à parler, parfois seuls, parfois ensemble. Et, doucement, on déroule leur malaise. Leur incompréhension. Je dis sans doute beaucoup aux élèves qu’ils ont le droit. Mais ces droits mènent toujours à des devoirs. Ici, celui de m’expliquer, de se demander vraiment ce qui les gêne. De se décentrer, de se voir glousser devant ces gens qui chuchotent, crient, luttent avec des émotions si immenses qu’elles leur apparaissent grotesques.

Ça n’est pas grave de rire ou de se moquer. La seule chose qui le serait, ce serait de pas comprendre pourquoi.

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