Jeudi 16 mars

Donc, je vis cette année dans un téléfilm. Celui dans lequel les élèves d’une classe de 16 élèves d’un collège du fin-fond de la ruralie n’ont plus besoin d’avoir de place attribuées, parce qu’ils sont assez matures pour s’installer selon leur énergie de travail de l’heure. Une classe de quatrième où ont peut débattre sans avoir à lever la main parce qu’on s’écoute.
Une classe de quatrième, donc, qui est venue me demander si on ne peut pas jouer Le Cid. Enfin les scènes qu’on a étudiées, faut pas déconner non plus. Parce que lire à peu près bien un texte, le cahier à la main, c’est pas terrible. Et ça leur a donné faim. Ils ont envie de plus.
Ils ont envie de plus.
Pas par gentillesse. Pas parce qu’ils travaillent bien. Parce que, par-delà les siècles, les mots de Corneille les ont touchés. Ils ont entendu la musique. Toute la classe. Enfants de profs, d’exploitants agricoles, de non employés, de soignants. Peu importe. Comme une sorte de miracle, j’ai trouvé cette classe qui a envie de beau.
J’ignore d’où vient ce miracle. Je ne veux pas tenter de le comprendre. Juste les aider à incarner Chimène, Elvire et Rodrigue. Ils sont grands, tellement. Ce sont des géants.