Jeudi 20 avril

Je détestais le cours sur les Métamorphoses d’Ovide, en sixième.
Parce que si le sujet me plaisait, je trouvais que littérairement, c’était à la fois trop pauvre et trop complexe. J’étais passé à autre chose.
“En CM2, la maîtresse elle a dit qu’on verrait les histoires de dieux qui se transforment.”
Ils ont insisté, les sixièmes. Alors en grommelant, j’ai intercalé un petit cours à la fin de l’Odyssée. Je suis tombé sur la traduction des Métamorphoses de Marie Cosnay. J’ai regardé Tiana réaliser l’un des meilleurs exposés que j’ai jamais vu sur Arachné. J’ai écouté Ulrich lutter contre son handicap de lecture, parce qu’il adorait l’histoire de Daphné, changée en laurier.
Et je me suis cultivé. En ai appris plus sur l’étymologie et la mythologie que ces dix dernières années. Parce que j’avais envie de leur faire plaisir, parce que ces petits mômes, avec leur bouille de chatons, m’avaient mis là-dedans.
Ça arrive tous les ans ou presque. Et c’est sans doute l’une des raisons qui me fait rester, contre vents et marées : on se rend meilleurs mutuellement.