Lundi 1er mai

Débat, dans ce week-end de la fête des travailleurs, sur twitter. Des enseignants se demandent si certaines matières demandent davantage de travail de préparation ou de correction que d’autres. Forcément, comme on est sur twitter, ça tourne au vinaigre et ça se conclut par des propos pas très agréables.
Comme si le temps de travail des professeurs restait ce tabou absolu, dont on n’arrive pas à parler, que ce soit entre collègues ou avec des personnes extérieures à ce boulot. Il y a quelques années, j’avais écrit sur ce “travail de l’ombre” : la conceptions des cours et l’évaluation, bien entendu, mais tout le reste également. Les réunions, les rencontres avec les parents, la différenciation… Tous ces trucs qu’on a du mal à expliquer non seulement aux autres, mais également aux collègues. Peut-être parce que nous avons la chance d’exercer un boulot extrêmement libre. Dans lequel on peut passer nos week-ends entier à étalonner nos cours ou à se la couler douce.
Peut-être parce que nous exerçons un boulot de bonne volonté.
Nous ne sommes pas – encore ! – surveillés, évalués, pour ce travail de l’ombre. C’est notre plus grand privilège et notre malédiction. Privilège : nous créons notre univers pédagogique, nos relations avec nos classes, notre persona de prof. Malédiction : il est tellement simple de tenir ce qui constitue l’épine dorsale de notre profession pour quantité négligeable. Il est plus facile de brailler que les profs sont des feignants que de leur accorder le bénéfice du doute. Et si même entre nous, nous en venons à tenter de mesurer l’immesurable, à nous demander qui bosse le plus, alors comment s’en sortir ?
Je préfère me dire que nous faisons presque tous de notre mieux. Que dans leur immense majorité, les enseignants sont des personnes consciencieuses, qui tentent de faire correspondre leurs aspirations et leur pratique.
Je préfère me dire que, quand ce genre de débat refait surface, il n’y a qu’à secouer la tête. Et continuer.