Samedi 13 mai

J’aime bien lire à haute voix.

En classe, c’est devenu un rituel, surtout en sixième. Lorsqu’ils découvrent un texte, c’est toujours par mes cordes vocales, jamais par les leurs. C’est sans doute prétentieux, mais je pense qu’il vaut mieux qu’ils entendent les mots dépourvus d’hésitation et de scories, la première fois. Après. Après ils y viendront.

J’aime bien lire à haute voix parce que c’est l’un des endroits qui se rapproche le plus de la magie. Je n’ai pas besoin de baguette pour faire surgir les monstres et les chevaliers, les alexandrins et les soldats dans leurs tranchées.

Je déteste mon timbre, mais j’aime former les mots. Depuis quelques semaines, Lucia et Anabelle m’applaudissent à la fin de longues lectures.

“Ne vous moquez pas les filles, c’est pas facile, comme exercice.”

Elles ont eu l’air blessées.

“On vous jure monsieur, c’est pas pour se moquer. On aime vraiment vraiment !
– Vraiment vraiment ?
– Vraiment vraiment !”

Pendant quelques instants, on est tous ensemble, et heureux.

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