Lundi 15 mai

C’est étrange, un 15 mai, de découvrir une nouvelle classe. Ces quatrièmes n’ont pas eu cours depuis plus d’un mois. Quand on est un collège du fin-fond de la Bretagne et que son prof est absent pour un long moment en fin d’année, même les coups de téléphones tempétueux du principal au rectorat n’y changeront rien : pas de remplaçant.

Donc, le temps d’une séquence, une grosse poignée d’heures, je deviens leur prof de français.

L’entrée en classe est étrange. J’en connais certains par des échos en salle des personnels, eux, à n’en pas douter, par les échos tout aussi efficaces de la cours de récré. Ils n’ont pas mes codes, et moi pas les leurs. Nous passons cette heure (la prochaine ne sera pas avant la semaine prochaine) à nous observer. Ils ont commencé à étudier Rimbaud, je leur choisis trois poèmes à découvrir. En fait, c’est approprié : je n’ai jamais fait étudier Rimbaud en quatrième, ils découvrent la musique de ses mots.

Tous ensemble (quatorze, ils ne sont que treize, treize bon sang !) nous apprenons. Pas pour longtemps. Pas pour créer ce que l’on appelle une “relation de classe”.

Juste pour suivre, quelques jours, l’homme aux semelles de vent.

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