Jeudi 1er juin

Le bonheur : un nouvel élève qui arrive avec son costume de scène du Cid, qu’il portera sur scène. Et qu’il porte avec fierté dans les couloirs du collège. Ils sont tellement classes, quand ils sont sûrs d’eux.
Les abysses : une énième réforme gluante, dont les acides rongent un peu plus l’éducation que nous tentons de défendre. Et qui s’imposera lentement, comme toutes les autres, malgré nos efforts.
Le bonheur : expliquer aux quatrièmes que Marivaux, c’est du théâtre scientifique. Que dans le théâtre et la littérature, il n’y a pas que des histoires. Il y a aussi des chimistes en blouse blanche dont le laboratoire est la société humaine.
Les abysses : engueulade d’un élève qui sonne faux. Aucune prise pour l’aider. Pour lui faire comprendre l’urgence de changer. Pour lui faire comprendre qu’il fait mal aux autres. Et qu’il se fait tellement, tellement mal à lui. À l’adolescence, il est des destructions dont l’adulte se remet difficilement.
Le bonheur : tous les sixièmes qui peinaient à lire à l’oral en début d’année. Qui ont tellement, tellement progressé.
Je sors toujours du bahut avec la tête qui tourne. Petit Sisyphe dans un flipper.