Lundi 11 septembre

(Image issue de l’animé Sailor Moon)
L’autre jour, en regardant Sailor Moon, je pensais au métier d’enseignant et la suspension d’incrédulité. Mais qu’est-ce que c’est donc que cette bête-là ?
Quand on lit, regarde, éprouve une œuvre de fiction, il arrive régulièrement un moment de suspension d’incrédulité : cela consiste à accepter un événement ou une information peu logique ou incohérente, parce que ça rend l’histoire possible.
Il y a, dans Sailor Moon, que je regarde en ce moment, une très poétique suspension d’incrédulité : les héroïnes se transforment en justicières pour combattre leurs adversaires.
La transformation physique est très très légère : un costume et quelques bijoux. Pourtant, leur entourage est dans l’incapacité de les reconnaître. Et ça m’a rapidement semblé logique.
Parce que lorsqu’elle se transforme, Sailor Moon n’est plus vraiment Usagi, son identité habituelle. Elle est une version exaltée d’elle-même. Ses défauts s’adoucissent, ses qualités s’affirment. Elle est, faute de meilleur terme, elle en mieux. On peut dès lors accepter que ses proches soient éblouis.
Ça me parle parce que j’essaye, dans la mesure du possible, d’être Sailor Prof.
Non pas que je porte très bien la jupe de marin ou la tiare, mais je pense que c’est ce que j’aspire à être, dans une salle de classe : moi en un peu mieux. Parce que, quelque part, c’est plus facile, devant des élèves, dans le cadre d’un cours. Je me sais plus patient, (un peu) moins foutraque. Plus gentil aussi. Je me dis que ça explique également l’ambivalence que je ressens par rapport à ce métier. Ses conditions d’exercices sont de plus en plus compliquées, bombardées du feu des critiques et du mal-être tellement, tellement justifié, de bon nombre de collègues. Pourtant, il ne se passe plus un jour, après toutes ces années où je me suis senti tellement incompétent, où je ne me dise pas que cette journée a valu le coup. Même si l’épisode était plein de rebondissements, de longueurs et de plans réutilisés de la saison précédente. À la fin, le thème musical de l’optimisme rigolo retentit presque toujours. Et si je redeviens, comme Usagi-Sailor Moon, ce personnage maladroit et autocentré, je sais qu’il existe, juste à ma portée, une partie de moi capable de bien faire.
Et c’est précieux.