
Cher Matt Smith,
Joyeux anniversaire. Je ne sais pas comment s’est passée l’année de tes quarante ans. Est-ce qu’on t’a tenu des discours sur « la quarantaine », sur le fait que c’est la meilleure décennie – ou la pire – est-ce qu’on t’a fait des blagues sur le fait que t’allait bientôt faire ta crise, t’acheter une voiture de course pour oublier que tu vieillis ?
Est-ce que tu sens que ton corps commence parfois à protester, mais que dans le même temps, tu t’émerveilles de tout ce qu’il peut encore faire ? Est-ce que, toi aussi, tu as l’impression d’être plus facilement triste et plus profondément heureux ? Est-ce que, de temps en temps, tu parviens enfin à être en paix avec toi-même ?
Je me demande, quelquefois, si tu regrettes tes choix. Et que tu te dis que les regrets, comme la nostalgie, c’est un luxe de jeunes gens. Qu’à mesure que le temps nous est retiré, il est essentiel de ne pas s’en attrister. Est-ce que, toi aussi, tu reviens de moins en moins sur les lieux de ton passé, parce que tu te rends compte qu’il n’est tout simplement plus là ? Et que tellement, tellement de choses restent à venir ?
Je te souhaite que ces jours qui nous sont donnés à tous les deux en ce vingt-huit octobre te soient doux, graves et drôles. Que les nuits soient légères et profondes.
Je te souhaite que toi aussi, tu aies un jumeau mirage à qui écrire le jour de ton anniversaire, à qui aligner des mots pour, qui sait, peut-être, faire jaillir quelques étincelles de sens.
Joyeux anniversaire à toi, à nous.
Et que ce soit beau.