
Hier, je rencontre pour la première fois un collègue, ancien collègue désormais, que je lis depuis longtemps (et réciproquement, ai-je la prétention de croire).
Une nouvelle personne que j’admire qui quitte l’Éducation Nationale. Et à raison, tellement. Et comme à chaque fois que cela arrive, ces moments de vertige. Est-ce que je devrais faire de même ? Est-ce que je ne suis pas en train de me raconter des histoires, pire, de légitimer un système absurde et nuisible, en restant dans cette profession ? En acceptant des conditions de travail qui, soyons lucide, n’ont rien d’acceptable ?
Est-ce qu’au fond, je ne me suis pas enfermé ?
Mais à chaque fois que je me pose cette question, je ne trouve face à moi qu’une impérieuse nécessité. Non. Pas encore, pas pour le moment. Tu n’as pas encore tout essayé pour sauver, à toi tout seul, la profession. Il reste encore au fond de toi quelque chose de prétentieux, de délirant, quelque chose qui brûle. Qui te fait dire que tout cela a un sens.
Bien sûr que je bosse pour les élèves. Mais depuis seize ans, je tente aussi d’apprendre quelque chose sur moi, dans ce boulot. Et peut-être obtiendrais-je cette réponse demain, dans un an, dans dix ; et alors là, je partirai, le cœur léger, sans le moindre regret.
Mais le temps n’est pas encore venu.