
Aujourd’hui, comme tous les jours depuis le début de l’année, j’ai décliné mon nom et la matière que j’enseigne à deux ou trois collègues. Et comme presque tous les lundis, j’ai fait faux bon aux deux collègues avec qui j’essaye d’aller courir après mes heures de cours du matin.
« Ah oui, t’es remplaçant, donc t’es pas vraiment là. »
C’est un peu ça. L’année se poursuivant et s’accélérant, j’ai de moins en moins de temps à passer à ne rien faire. Ou à socialiser. Courant d’un bahut à l’autre, j’apparais, souris, sort une blague – mauvaise – ou deux avant de disparaître « dans mon autre établissement ». « Mon autre établissement » n’est pas un vrai lieu. C’est marcher un peu trop vite, profiter de son trajet en voiture pour téléphoner, manger sur le pouce entre midi et deux.
Jusque là j’ai tiré énormément de force des racines que je faisais pousser dans chaque salle des profs. Du temps que j’avais à midi ou après les cours pour déconner. Cette année, je dois faire avec d’autres sources d’énergie ou de motivation. Et, je l’avoue du bout des lèvres, ça me chagrine un peu.