
Les premières Galopa sont en colère. Les premières Galopa ont passé un très mauvais moment à préparer chacun une simulation d’oral du bac de français pour se rendre compte qu’ils ne sont, pour le moment, absolument pas prêts. Au mois de novembre, c’est absolument normal. Ça n’empêche qu’ils protestent : « Vous en demandez toujours davantage. »
Dans ce genre de situations, je suis souvent tenté de leur répondre que c’est comme ça, qu’il va falloir se sortir les doigts parce que oui, c’est dur et qu’ils sont quasiment adultes. Je serais légitime à le faire.
Et dans ce genre de situations me revient toujours en tête cette réplique de Brittany, dans Glee : « Tough love is a lot like mean. » L’amour vache, ça ressemble pas mal à la méchanceté.
Voilà comment une réplique à la noix d’une série musicale vous force à remettre en question ce que vous appelez prétentieusement votre hygiène mentale. Oui, c’est compliqué. Mais ça n’est pas comme ça que je veux donner de la force aux élèves que j’ai en face de moi. Je ne veux pas les endurcir, mais les fortifier. Alors je respire.
« Oui, je vous en demande davantage. Dites-moi où ça coince, je vais vous expliquer, et vous allez continuer à progresser. Par contre, non, je ne referai pas pour la quatrième fois les photocopies des textes. Entraidez-vous, faites passer les cahiers des uns et des autres. Je ne dois pas être le joker permanent.
– Vous abusez monsieur.
– Non. Je ne suis pas d’accord avec vous. Ça n’est pas de la méchanceté. Je veux vous aider à réussir et être honnête sur ce qui vous attend. Donc on reprend, si c’est nécessaire. La méthode, les textes. À condition que ce soit vraiment utile. Et si vous trouvez que je ne vous rend pas service, expliquez-moi. Comme des adultes. »
Un nouvel anglicisme en tête « Conflict is not abuse », du nom de ce magistral essai. Nous ne sommes pas d’accord. Nous nous affrontons. Sans haine ou recherche de prise de pouvoir. J’espère que ce moment les aura un petit peu, un tout petit renforcés.