Jeudi 30 novembre

Premier conseil de classe. Il est vingt heures et quelques quand je sors. Il fait froid, il fait nuit. J’ai donné huit heures de cours, me suis énervé trois fois, toussé je ne sais combien et bu cinq tasses de café. Il n’y a plus de place nulle part dans ma tête.

« Tu ne vas pas dans le quartier d’Alois ? » me demande A., le stagiaire de maths.

Alois est à l’exact opposé de ma destination. Et la circulation fera que ça ralongera mon trajet d’une trentaine de minutes.
Ça n’est pas par grandeur d’âme que j’accepte. Ça n’est pas pour me la péter sur un blog – prétérition mon amour – ou espérer rattraper ma dette karmique qui doit être égale à celle de nos responsables politiques. C’est parce que, l’espace d’un instant, je me dis qu’il faut donner l’exemple. Celui d’un groupe de gens soudés aussi pour des choses aussi bêtes, aussi triviales que ça.

A. monte dans ma Cactus et nous débriefons le conseil. Répéter des mots réconfortants, que j’ai prononcés mille fois, que je connais par cœur. Si je les connais par cœur, c’est que quelqu’un un jour me les a dits. Sans doute qu’elle ou lui aussi, il avait autre chose à faire. Qu’il avait froid, qu’il était fatigué. Et qu’il était vingt heures et quelques.

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