Vendredi 1er décembre

Comme tous les vendredis après-midi les secondes ne sont pas agréables. Du tout. Et je sais. Je sais que je fais la fermeture, que je suis leur dernier cours de la semaine qu’ils ont eut cinq heure de trou.

Mais quand même. Ça fait trente minutes qu’ils gribouillent des inepties en bavardant au lieu de profiter de cette ultime demi-heure en classe pour avancer, poser des questions, essayer en somme.

Alors je décide de les punir.

Je pose les fesses sur le bureau. Et tout doucement, je leur fais, à l’oral, un commentaire de texte. Dedans, j’y mets tout ce que cet exercice peut avoir de beau. Je leur montre que les phrases d’allure tellement hostiles sont la clé d’une musique simple et délicate. Que ces personnages délirants parlent de nous, d’eux. Qu’ils tendent toutes et tous la main pour nous atteindre. Je leur montre que les mots ne font pas que dire : ils résonnent aussi, chacun à leur manière. Je leur monte la joie grave qu’il peut y avoir dans chaque œuvre, ou presque. Silence complet.

Et puis une petite voix, même pas une protestation :

« Mais comment on peut lire tout ça ?
– Il fallait juste prendre un peu de temps et donner une chance au texte.
– Ben oui mais là, c’est trop tard.
– Eh oui. La prochaine fois, j’espère ? »

Sonnerie. Ils sortent, plutôt dans le calme, c’est un peu amer. Mais peut-être, juste peut-être que ça valait le coup. « 

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