Lundi 11 décembre

La fatigue nous rogne à l’os.

Elle s’est étendue, pesante, dans les deux lycées, à Agnus et Keves, et alourdit les paupières, les gestes, les humeurs. Un conseil de classe passé, des cours qui n’en finissent pas, qui s’accélèrent, mêmes : les élèves baissent les bras. Que ce soit à travers des rires, des haussements d’épaules, ou une franche hostilité lorsque je propose de nouvelles activités.

Elle s’est étendue, épuisante, en salle des profs : les collègues qui ne parviennent plus à discuter d’autre chose que de leur état de santé, qui pestent lorsqu’il faut aller en cours, qui perdent patience les uns avec les autres. Premiers éclats de voix.

Elle s’est étendue entre mes tempes. Une seule envie : me laisser dériver jusqu’aux vacances. Je ne suis plus vraiment efficace et intéressant qu’entre 8h et 11h, avec deux tasses de café dans les veines.

Alors, tenter d’être doux.

Prendre les reines lors des explications de textes des premières – même si l’envie de les « mettre en autonomie » est grande, ils sont grands après tout, leur succès est entre leurs mains, et les guider à travers la jungle du texte, petites blagues à l’appui. Malgré les mâchoires qui se serrent.
Prendre le temps d’aborder des sujets plus agréables à la pause, de s’intéresser, s’intéresser vraiment, aux collègues, afin d’alléger un peu tout ce grand marasme. Malgré l’envie de plonger le nez dans son écran.

Juste par vanité, pour se dire qu’on est plus fort que la fatigue, pour se dire qu’on est le héros de sa triviale épopée – triviale, je l’ai expliqué au première, tiens, aujourd’hui – et que parfois, les histoires se terminent bien.

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