Jeudi 4 janvier

Je me rappelle de cette phrase que m’avait dite un très vieux monsieur, que j’avais interrogé quand j’étais étudiant : « Avant j’avais l’énergie et pas le temps d’écrire, aujourd’hui c’est l’inverse. Ironie vitale. »

J’y repense fréquemment. Il l’avait prononcée sans regret – il publiait encore régulièrement – juste comme un constat. Et même si des dizaines d’années nous séparent encore, lui et moi, je commence à le comprendre. Il y a en effet des choses que je ne fais plus, en tant qu’enseignant, alors que j’aurais le temps, maintenant que nombre de mes cours sont prêts.

Mais la fatigue. L’épuisement, devant les copies qui s’amoncèlent, les travaux ultra individualisés demandant des temps de correction immenses. En échange, j’apprends à être plus efficace. Plus carré, plus solide dans mes connaissances. Une perte, un gain.

Et surtout je ne suis pas seul.

Je ne suis plus le jeune prof enthousiaste, qui en met partout quitte à ce que ça déborde. Ces années sont derrière moi et ça n’est pas grave. Les élèves à qui j’enseigne aujourd’hui en rencontreront d’autres – si on parvient à recruter d’autres enseignants, ah ah ah – qui leur procureront cet enthousiasme.

Contrairement à cet auteur, je ne suis pas seul, je fais partie d’un immense cycle, qui accompagne nos élèves. Et c’est bizarrement réconfortant.

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