Mardi 26 mars

S’il y a un truc dont je me méfie dans ce boulot, c’est du cours one man show. Du magistral presque pur, qu’on va tenter de rendre accessible et chouette par des blagues, des anecdotes, de petits exemples qui vont bien.

D’abord parce que c’est épuisant : quel artiste proposerait un spectacle de six heures, cinq jour par semaine ? D’autre part, évidemment, parce qu’on ne bosse pas pour être admiré par nos élèves. Mon narcissisme est déjà assez hypertrophié comme ça : nul besoin de lui apporter encore plus d’engrais.

Mais certains jours, certains cours, ça s’y prête. Lorsque, par exemple, les élèves font la gueule à l’idée de passer deux heures à désherber la prose de François Rabelais. Faut se lancer. Ouvrir le cours par une blague, sauter de mot en mot. Leur déplier le texte, en montrant à quel point c’est simple. Un mini-détail perso pour relancer leur intérêt qui fléchit, un gros mot, merci François, et on est reparti.

Ce sont des heures complètement épuisantes. Et, quand elles fonctionnent, réjouissantes. Des heures aussi, qu’il faut consommer à très petites doses. Mais qui servent aussi à montrer que le savoir, c’est un truc d’acrobate, de virtuose. Quand ils auront appris, eux aussi, à ne plus avoir peur des métaphores cachées au creux des propositions infinitives, ils se rendront compte qu’ils peuvent s’y livrer aussi, à cette jonglerie avec les mots et le sens.
En attendant, je vais aller me reposer. Parce que c’était quand même bien crevant.

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