
Coup de téléphone de T. Ça fait longtemps que nous ne nous étions pas parlés. La faute, entre autres choses, à son boulot, hyper exigeant en ce moment. Comme à chaque fois qu’il m’en parle, un petit démon me souffle à l’oreille que ce pourrait être moi. Que si je ne suis pas à la place de T., c’est uniquement parce que je suis trop feignasse et trouillard pour essayer.
Après tout, peut-être que ce boulot d’enseignant est l’un de ceux qui me convient le moins ? Après tout, peut-être que je ne suis qu’à un changement de carrière du job de mes rêves ? Après tout, peut-être que je passe mon temps à me raconter des histoires sur le boulot d’enseignant, uniquement parce que je veux me convaincre que c’est ça qui me convient.
Ou peut-être pas.
Peut-être que chaque jour, je fais le pari, comme tous ceux qui ont le privilège de pouvoir se poser la question, que je fais ce qui me convient. Peut-être que je monte sur les épaules de ces moments splendides passés avec les élèves, sur les crêtes des quelques cours dont je suis satisfait. Peut-être que c’est là, juste là, que se trouve ce que l’on appelle prétentieusement la foi.