
Deuxième jour de pré-rentrée, les réunions s’accumulent. Donc, forcément, on va finir par en sécher.
Me concernant, c’est pour aménager ma salle. C’est peut-être un détail pour vous (vous avez désormais la chanson dans la tête, ne me remerciez pas, c’est gratuit), mais c’est capital. Je l’ai dit hier, elle est pour l’instant vide et peinte de ces couleurs effroyable qui semblaient faire fureur dans le bâtiment il y a une quarantaine d’années, un mélange de gris béton et de jaune terne.
Ce sera le lieu d’aventures de la soixantaine d’élèves que j’aurai en charge jusqu’au mois d’avril. Alors il faut que ce grand bateau ressemble à quelque chose. Je me retrouve donc à parcourir les immenses couloirs, dans lesquels d’autres collègues s’activent. On trie, on jette, on échange. On rigole pas mal, aussi. Je parviens à négocier une armoire avec une collègue, qu’on traine péniblement d’un étage.
En ouvrir grand les portes, qui resteront comme ça autant que possible.
La remplir de manuels, transformer une partie en mini-bibliothèque, adaptée au niveau de lecture de chacun. Et afficher, comme tous les ans, une petite reproduction d’un dessin de De capes et de crocs. C’est un début. Mais un début important. Je n’ai absolument pas lu la littérature qui existe très probablement sur le sujet, mais j’ai la forte impression que passer le plus clair de sa journée dans des lieux moches, quand on est jeune, ça fait des trucs pas cools au psychisme. Alors bien entendu, je ne suis pas Michel-Ange ou Valérie Damidot. Mais quand même. Quand même j’aimerais que lorsque l’on rentre dans la salle de Monsieur Samovar, il y ait quelque chose de chaleureux, des couvertures de livre qui attirent l’œil, des affichages qui rassurent la pensée. Bref, je voudrai savoir faire comme les profs des écoles. J’aimerais que ce ne soit pas l’angoisse d’entrer, j’aimerais que ces quatre murs, par leur simple présence, contribuent à les éduquer. Même si ça n’est que pour un an.
C’est juste un étai fragile. Mais à quelques dizaines d’heures de découvrir ces élèves, de se prendre en pleine face leurs intelligences, leurs envies, leurs dégoûts, leur brutalité et leur joie, toute préparation est importante.
Il ne manque plus qu’eux.