Lundi 16 septembre

« J’ai terminé monsieur ! »

Tandis que les camarades de Sabri en sont encore à souligner le titre de l’exercice en tirant la langue pour bien placer la règle (« On souligne toujours avec la règle », répétera Monsieur Samovar environ soixante-quinze fois cette année) je me glisse entre les tables pour me pencher sur le cahier de brouillon où, de sa grosse écriture brouillonne, Sabri a écrit les réponses aux questions demandées. Tout est impeccable.

« Super. Maintenant, on va essayer de monter d’un cran.
– C’est pas bon ce que j’ai fait ? »

Inquiétude dans la voix. Je secoue la tête :

« Si, bien sûr. Mais vous allez faire encore mieux. »

C’est très souvent une incompréhension, une crainte des sixièmes excellents scolairement : devoir améliorer un travail. Ils arrivent fréquemment avec cette capacité à terminer en un temps stakhanoviste une immense quantité de travaux. Et les premiers, jours, leur « donner à manger », pour reprendre l’expression consacrée aux élèves performants, ça consiste à casser ce mur que beaucoup se sont déjà construits : être un « bon élève », c’est finir vite et bien les exercices.
C’est aussi apprendre à les connaître. A voir vers où on peut les tirer. Se rendre compte que celle-ci aime particulièrement écrire et lui créer son mini-atelier. S’apercevoir que celui-là est vraiment une tête en grammaire.

Eux aussi ont leur chemin à parcourir, leurs embûches à franchir. Et ça commence à leur montrer que ces embûches sont normales. Qu’ils sont les héros et héroïnes capables de les terrasser.

Bref, en ce mois de septembre, faire aussi connaissance des « bons élèves ».

Laisser un commentaire