
Allan me fait totalement fondre.
Même pour un sixième, il est très petit. Le visage fin, mangé, par deux grands yeux bruns, et un vrai sourire, sincère, perpétuellement accroché au visage. Il bavarde pas mal, mais s’investit encore plus dans les activités en classe.
Les moments où il est totalement attentif, c’est quand je raconte des histoires. La suite de l’extrait qu’on a étudié en cours, la biographie de Guillaume Apollinaire – il n’y a pas d’âge – ou le début de l’Iliade.
« Maître, tu nous raconteras des histoires, pendant le voyage ? »
La phrase est sortie toute seule. D’habitude, il y aurait dans la classe l’habituelle rumeur « On dit monsieeeeeeeeeur et on dit VOUS ! » Mais cette fois-ci, ce sont plutôt des « Oh oui ! » enthousiastes. Et toute honte bue, je sais pourquoi : les sixièmes adorent les histoires et j’adore les leur raconter. À tel point que je dois souvent me limiter, parce que les cours, l’interaction, le programme. Mais c’est une petite bulle que j’aime tellement étendre, parfois. Un luxe, pour moi comme pour eux.
« On va faire de la randonnée pendant ces trois jours. Si vous avez envie, pendant qu’on marchera, je vous en dirai quelques-unes.
– Trop bien ! »
Les sentiers. Les élèves. Et des paroles. Ça sera trop bien, en effet.