Vendredi 27 septembre

« Ça avait l’air horrible ton voyage ! »

J’ouvre un œil, autant que possible avec les douze tonnes de fatigue qu’il charrie, et considère G., qui vient d’émettre ce commentaire. On est vendredi soir. Le car est rentré à bon port, les élèves ont été rendus à leurs parents. Jusqu’à Jasmine, que j’ai raccompagné à la porte de chez elle, personne n’ayant pu faire le déplacement.

« Pourquoi horrible ?
– Par rapport à ce que tu écrivais. »

Vraiment ? C’est étrange. C’est tout à fait possible. Ça n’est pas ce que j’ai vécu. Mais un autre œil que le mien l’aurait sans doute, et légitimement, vécu ainsi. Le fait d’être chargé, 18 heures sur 24, de dizaines d’êtres aux émotions, aux histoires et aux tempéraments absolument différents et antagonistes. L’esprit, le corps sans cesse sollicités, le relatif inconfort. Les activités, diverses et variées, dont on ne saura jamais si elles atteindront les mômes ou s’ils réagiront par le mépris, veule et bête. Les moments de vraie reconnaissance et de joie, l’émerveillement devant les dauphins ou les réponses que vous leur donnez sur les marées, la vie aquatique ou les poètes bretons, ça n’est jamais acquis. Je les ai quittés, ils s’amusaient à hurler mon prénom, entendu durant le séjour, dans le car. C’est un peu triste mais c’est comme ça. Je les ai quittés, ils m’ont dit qu’ils avaient hâte qu’on se revoie lundi pour compléter la boîte à lecture.

C’est pour ça qu’il ne faut pas trop y penser. Juste le vivre. Et laisser les moments intenses, forts puissants, s’effacer. Les confier à l’écrit, pour vivre, encore et toujours les pages qui s’écrivent.

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